A cette époque, j'avais vingt deux ans, et j'avais vu deux fois Téléphone en concert, durant la tournée "dure limite".
Parfois résonnaient à nouveau dans ma tête ces paroles :
"Et le mur de Berlin n'a pas,
n'a pas de fin
Non le mur de Berlin,
t'en a un, j'en ai un
Il coupe la terre en deux,
comme une grosse pomme
Il coupe ta tête en deux,
comme la première pomme, un peu
Il coupe ta tête en deux
Et te fais femme ou homme,
si tu veux
Il serpente entre deux terres
Et te fais faire toutes les guerres,
toutes les guerres"
http://www.deezer.com/en/#music/telephone/dure-limite-310582L'incroyable était en train de se produire, précédé par quelques moments clés comme l'ouverture de la frontière hongroise, des milliers d'habitants de la RDA s'engouffraient, des files ininterrompues de Trabant à la queue leu leu.
Rien qu'à ce moment là, c'était incroyable à voir, même si on pouvait s'attendre à une telle hémorragie suite à l'ouverture des frontières, car on savait que le but n'était bien sûr pas de passer des vacances en Hongrie, mais bien de rejoindre la RFA.
C'est par la suite, que c'est devenu de plus en plus fort et passionnant.
Gorbatchev le rénovateur est venu en RDA, et il eût un succès phénoménal, ce qui rendit vert de rage un certain Erich Honecker...
Puis tout s'est précipité, de manifestations en messes improvisées (église Getzemani, qui devient un des plus solides ferments de la révolte), l'incroyable finit par se produire, suite à une déclaration un peu précipitée de Günter Schabowski, les est-allemands apprennent qu'ils peuvent de suite passer en RFA (« les voyages privés pour l’étranger peuvent avoir lieu sans condition ». Question d’un journaliste « Quand cela entre-t-il en vigueur ». Réponse : « Autant que je sache, dès maintenant ». En quelques secondes, Schabowski vient d’annoncer ni plus ni moins la chute du Mur de la honte !) , ils se présentent aux postes-frontière, où l'armée leur annonce qu'il va falloir aller demander un laissez-passer et revenir se présenter : tollé général !
Sous la pression populaire, un responsable décide, malgré les ordres, de laisser passer tout le monde pour éviter un drame.
Embrassades des est-allemands avec les volpos, du jamais vu, alors que des berlinois de l'Ouest, suite à la déclaration de Schabowski, sont venus les accueillir de l'autre côté.
Les fameuses
Trabant entrent dans la légende.
Les berlinois attaquent le mur avec rage, qui avec un marteau, qui avec ce qui passe sous la main, jusqu'à sa destruction totale quelques semaines plus tard.
En à peine un an, l'Allemagne aura conduit sa réunification, même si le bilan n'est pas tout rose et que les allemands de l'est ont été plus ou moins, il faut le dire,
otages de l'ouest capitaliste.
Ca reste pour moi l'évènement le plus emblématique du XXe siècle, car malgré la peur, il n'y a pas eu beaucoup de violences.
On s'attendait pourtant à pire après l'écrasement de la révolte hongroise, du printemps de Prague et des évènements de Tien An Men.
Malheureusement, il en reste encore, des murs, physiques ou psychologiques.
Il y en a qui n'ont rien compris à l'histoire, même si le contexte est différent, le principe de connerie absolue reste le même.
Je lance cette chaîne en demandant à
Nicolas,
Le Coucou,
Monsieur Poireau et à ceux qui avaient vingt ans, ou un peu plus ou un peu moins à l'époque, de se souvenir.