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lundi 27 octobre 2008

Georges, il faut plus de gens comme toi !

http://www.recim.org/A2007/dfr.htm

Georges Yoram Federmann est un psy pas comme les autres; je le connais personnellement, il a un coeur grand comme ça, c'est un frère; lors de ma grève de la faim en 2006-2007 au campement Don Quichotte de Strasbourg avec un pote, il passait quasiment chaque jour nous prodiguer une parole bienveillante, un encouragement, un geste fraternel, alors que même Médecins du Monde ne nous voyaient pas...
Il faut plus de gens comme lui !

"Georges Federmann, un psychiatre pas comme les autres « Il faux rendre les libéraux attentifs aux menaces qui pèsent sur les marginaux. »
Georges Federmann, psychiatre fantasque et militant controversé, se consacre aujourd'hui à un collectif de médecins libéraux qui permet aux plus démunis d'accéder aux soins. Il n'abandonne pas pour autant la lutte pour la paix en Palestine ou le souvenir de la Shoah. Un engagement total et éclectique, qui agace. Le débit lent et posé, la voix ensorcelante, Georges Federmann dégage une impression de douceur et de calme. Le discours du psychiatre-militant, lui, bouscule. « Un médecin palpe en moyenne 76 000 € par an. Cela fait partie de ses droits. Maintenant, notre devoir est de tisser des liens avec les personnes ratatinées par la société, pour éviter que notre corporation ne devienne insulaire, obnubilée par la revalorisation de ses actes », assène-t-il avec le sourire. Il est de toutes les luttes - « Georges défend les causes perdues, ou plutôt celles qui mettront des décennies à avancer », lance son frère Michel -. Il milite dans une kyrielle d'organisations : ATTAC, Ras L'Front Strasbourg, le Collectif judéo-arabe et citoyen pour la paix ou le Cercle Menachem Taffel. Mais parce qu'il a l'impression « de ne pas en faire assez », Georges Federmann se consacre aujourd'hui à l'animation d'un collectif de médecins. Leur objectif : développer l'accès aux soins des personnes en difficultés. Notamment les sans-papiers, qui n'ont pas droit à la CMU et pourraient bientôt perdre le bénéfice de l'Aide médicale d'Etat (AME), leur dernière ressource en matière de santé, secteur humanitaire et caritatif mis à part. « Il faut rendre les libéraux attentifs aux menaces qui pèsent sur les marginaux », précise le dérangeant docteur,« et ne pas se reposer sur l'humanitaire, sur l'urgence ».
Gourou ?
Cette attention portée aux plus démunis est une des constantes de sa « militance ». Étudiant, il s'intéresse déjà aux oubliés du système de santé, malades chroniques dont la psychiatrie ne sait que faire. Pour son baptême du feu, il se retrouve dans un service de pédopsychiatrie. « Les enfants que je devais soigner étaient autistes... et avaient 35-40 ans. C'était un service rebut. » Déclic : « J'ai trouvé ma voie, m'occuper des exclus, des laissés pour compte ». Depuis, il ne désarme pas. Au grand dam de ses détracteurs - nombreux dans la gauche strasbourgeoise -, qui l'accusent d'instrumentaliser les associations qu'il fréquente. De jouer au gourou et de desservir les causes qu'il a embrassées. Sans se départir de son calme, il revendique des résultats, d'abord dans sa pratique de psychiatre : « Je fonctionne sans rendez-vous et je fais plus d'actes gratuits. C'est une façon de faire qui convient aux personnes les plus fragiles. 20 % de ma clientèle a la CMU. Ça n'empêche pas mon cabinet d'être rentable ». Ensuite dans ses combats : il s'était fait le porte-parole des Roms de Zamoly, qui avaient débarqué à Strasbourg en juillet 2000 pour fuir les persécutions dont ils étaient victimes en Hongrie. Beaucoup ont obtenu le statut de réfugiés. Une réussite notamment due à la mobilisation de la Permanence d'accueil des sans-papiers. Le collectif d'avocats et de bénévoles, auquel participe l'épouse de Georges Federmann, Véronique Dutriez, oriente et conseille les déboutés et les arrivants depuis 1998. Souvent avec succès : « Plus de 100 régularisations en quatre ans », assène-t-il.
Pantalon Astérix
Détesté ou adoré, il a toujours joué à la marge. Moitié Séfarade, moitié Ashkénaze, né Marocain en 1957 puis naturalisé Français, « il a toujours voulu se dissocier du troupeau. C'est un provocateur né », raconte son frère Michel, « étudiant il allait déjà en cours avec une djellaba, une chaussette bleue et une marron ». Aujourd'hui son pantalon Astérix, ses improbables couvre-chefs ou ses shorts font partie intégrante du personnage. « Avoir un statut social n'oblige pas à devenir con. Et puis arriver à une réunion de psy' en tongs ou à une rencontre du Collectif judéo-arabe en Djellaba, c'est aussi un acte politique », explique-t-il. Son engagement n'en est pas moins permanent - « Il harangue les salles de ciné, leur parle de la paix au Proche-Orient avant que le film ne commence », raconte Michel - et total. « L'engagement politique n'est pas compartimentable », conclut ce grand mystique, « j'attends la période messianique, mais je me casse le cul pour qu'elle arrive ».
Manuel Plantin
© Dernières Nouvelles d'Alsace, Mardi 21 Janvier 2003"