"Nous étions sans solution. Nos images avaient bien été répertoriées dans les photothèques en vogue, nos manuscrits dormaient depuis lulure sur les étagères de plusieurs éditeurs qui avaient promis, des maisons de disques avaient accueilli nos maquettes avec gourmandise, et les maisons de production travaillaient ferme à convaincre la télé et le Cnc que, ce projet-là…
Nous étions sceptiques, pessimistes, résignés. Réaliser un projet sur cent était une bonne jauge, accepter une pige institutionnelle en attendant allait déjà permettre de payer le loyer, voire de voir Venise si la ficelle était assez grosse.
Le Mur est tombé, une nuit, et coïncidemment l'internet est arrivé.
Nous y avons cru dès le premier jour, il y a 20 ans. Cet outil-là portait en germe une revanche phénoménale, merci Hegel, merci Marx. Si les petits cochons ne le mangent pas…
Il y a eu miracle : les petits cochons ne savent pas manger de ce pain- là.
L'internet est resté libre et gratuit, presque partout.
Et tout a évolué.
L'internet a grandi : il parle, écrit, lit, chante et projette en veux- tu en voilà.
Nous sommes la première génération d'auteurs-diffuseurs. Nous jouissons d'une liberté inouïe dans l'Histoire. Nos photos, nos textes, nos musiques et nos chansons, nos films existent, ont été conçus sans avoir à en demander l'autorisation à quiconque, nos créations sont lues, vues et entendues dans le monde entier, par des lecteurs-auditeurs-spectateurs dont le nombre et la qualité bouleversent définitivement les schémas en place.
Nous sommes devenus optimistes, responsables et regardants sur la citoyenneté et l'environnement.
Mais.
Il y a un hic, tout petit.
Zéro tune.
Nos vieux états continuent de financer le cinéma et la télévision, d'en protéger les acquis les plus obsolètes, et restent sourds à nos expressions.
Il faut que ça change. La plate-forme Internet Public Création, entre autres, dessine des modèles viables de prise en compte de ces nouvelles formes, et de leur financement honnête.
Mais il nous revient aussi d'inventer nos ressources, au moins en partie.
Puisque que tout est à ré-inventer, nous faisons un pari.
Comme ce nouveau pan du commerce mondial, le spectateur peut, doit et va devenir "équitable".
L'a-t-on assez entendu : la scène redevient le centre du métier de la musique. Fort bien. Saltimbanques, nous allons passer le chapeau. Avec fierté.
Spectateurs (nous le fûmes, nous le sommes, nous le serons) nous vous invitons à financer votre plaisir et notre travail. Et vice-versa. 10 centimes. 1 euro. 5 euros les grands engouements, faites des gestes ! Ces gestes-là, aussi…
Les jours où vous ne pouvez pas, les jours où vous aimez moins, bienvenue quand même…
Vous appréciez notre indépendance, défendez-là !
C'est le monde de demain matin qui se dessine, soyez-en les acteurs !
Contribuez aux avancées de la La plate-forme Internet Public Création, rejoignez le Collectif des Auteurs-diffuseurs !

Charly Dupuis
http://trucadire.com "

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